De l’or noir à portée de main

Reportage d’Ouganda par GODFREY OLUKYA

Des employés de CNOOC posent devant une plateforme de forage au champ pétrolifère de Kingfisher, dans le bassin du lac Albert dans l’ouest de l’Ouganda, en novembre 2022.(CNOOC)

La Chine joue un r?le important dans le développement du secteur pétrolier ougandais

Bien que le pétrole en Ouganda ait été découvert pour la première fois en 1925 à l’époque coloniale, ce n’est que récemment que les projets d’exploration et d’exploitation ont émergé.Depuis novembre 2022, la ministre de l’énergie et de l’Exploitation des minéraux du pays, Ruth Nankabirwa Ssentamu, espère que d’ici avril 2025 le pays verra ses premiers barils.

Tout cela est devenu possible grace à la coopération du pays avec le gouvernement chinois et les sociétés du géant asiatique, en particulier la multinationale China National Offshore Oil Corporation (CNOOC), une entreprise principalement engagée dans l’exploration et l’exploitation de pétrole et de gaz.

? Après un certain nombre d’explorations, des champs pétrolifères commercialement viables ont été découverts en Ouganda en 2006. Le pays possède des réserves pouvant atteindre 6,6 milliards de barils, et le gouvernement y voit la clé pour faciliter le développement économique ?, a affirmé Matia Kasaija,ministre ougandaise des Finances, de la Planification et du Développement économique, lors d’une récente entrevue avec les médias.

Mme Kasaija estime cependant qu’à cette époque,le pays manquait d’expertise, d’infrastructure et de financement dans le développement lié au pétrole,l’Ouganda a ainsi tardé à réaliser son rêve pétrolier.

Un long chemin vers le succès

Après les découvertes de 2006, le Président Yoweri Museveni a rapporté que le gouvernement avait décidé d’établir une raffinerie à proximité du gisement et un pipeline jusqu’au port voisin de Tanga,en Tanzanie, d’où le pétrole devait être exporté. Mais le pays n’avait pas les moyens de financer les deux infrastructures. Pendant longtemps, le gouvernement a négocié avec les représentants de plusieurs pays pour obtenir du financement, mais il n’en a pas tiré grand-chose.

Certaines sociétés pétrolières étrangères, dont Hardman Resources, Tullow Oil et Heritage Oil, ont fait de l’exploration pétrolière mais n’avaient pas la capacité de construire la raffinerie et le pipeline. ? Ces entreprises ont joué un r?le important dans la découverte de nombreux gisements ?, a soutenu Ofwono Opondo, porte-parole du gouvernement ougandais.

Ce n’est que lorsque l’entreprise chinoise CNOOC a acquis les droits de Tullow Oil en 2012, concomitamment à TotalEnergies, que l’exploitation pétrolière a commencé.

Selon Mme Ssentamu, avec les retards accumulés de la part de diverses entreprises et de divers pays,l’Ouganda s’est tourné vers la Chine pour développer son secteur pétrolier. ? Nous avons également décidé d’appuyer l’initiative “l(fā)a Ceinture et la Route” qui améliore les perspectives économiques d’une coalition de pays pour développer les infrastructures, en particulier les routes ?, a-t-elle souligné.

Une raffinerie et un oléoduc

En avril 2021, le gouvernement ougandais a approuvé le Plan d’action pour la réinstallation (PAR) du projet d’oléoduc en Afrique de l’Est. Cette approbation a ouvert la voie à l’achèvement des processus d’acquisition de terrains dans les zones où l’oléoduc devait être construit.La construction de la raffinerie a ensuite commencé.

En raison de ce projet, l’infrastructure interne du pays, y compris les routes, devait être de haute qualité pour permettre le transport rapide des pièces de construction et des matériaux. Dans ce contexte, la Chine a accepté d’aider l’Ouganda à construire des routes dans tout le pays.

La construction de la raffinerie est effectuée par CNOOC, selon la porte-parole de la société,Amina Bukenya. ? La construction de la raffinerie suit son cours. TotalEnergies va travailler sur l’oléoduc bien que les fonds proviennent de Chine ?, a-t-elle fait part àCHINAFRIQUE.

CNOOC a indiqué dans un communiqué que l’équipement de forage pétrolier chinois le plus avancé dans le secteur de l’exploration et du développement de l’industrie pétrolière et gazière, le système Drilog and Welleader et la plateforme terrestre LR8001, ont été expédiés en Ouganda. Cela marque la forte augmentation des investissements de CNOOC dans les ressources techniques pour l’exploration et le développement des champs pétrolifères en Ouganda, l’établissement d’un nouveau paysage de l’offre de pétrole et de gaz, ainsi que le développement social et économique du pays, et même d’Afrique de l’Est. ? C’est grace à la stabilité de notre pays que nous pouvons accueillir des entreprises comme CNOOC et TotalEnergies ?, a fait remarquer Mme Ssentamu.

C’est apparemment grace au bon travail de CNOOC que Mme Ssentamu a exprimé le 2 novembre 2022 lors d’une conférence à Abu Dhabi que le pays commencerait à pomper commercialement ses réserves de pétrole en avril 2025. Elle a également partagé qu’ils considéraient la Chine comme une source potentielle de fonds pour développer un pipeline d’exportation allant des champs pétrolifères ougandais au port de Tanga en Tanzanie.

Avantages à venir

Le Président ougandais Yoweri Museveni(premier à droite) assiste à la cérémonie d’inauguration du projet pétrolier du lac Albert à Kampala,en Ouganda, le 1er février 2022.(XINHUA)

La construction de la raffinerie, effectuée par CNOOC, suit son cours. TotalEnergies va travailler sur l’oléoduc bien que les fonds proviennent de Chine.

Le 11 février 2020, le gouvernement ougandais a confirmé qu’il emprunterait environ 118 millions de dollars à la Banque industrielle et commerciale de Chine pour faciliter la construction de 700 km de routes à travers le pays afin d’accélérer la création de son industrie pétrolière nationale. Ces routes sont appelées ? routes pétrolières ? par les médias du pays.

Denis Katungi, représentant du Centre des médias de l’Ouganda, estime que la modernisation et la construction des routes pétrolières faciliteront le développement efficient des ressources stratégiques.

Récemment, l’Ouganda a signé un accord avec China Railway Seventh Group pour construire une route de 97 km reliant trois emplacements stratégiques autour du gisement de pétrole. La création de nouvelles routes intégrera les villes existantes et ne servira donc pas seulement à accélérer le développement de l’industrie pétrolière, mais aura également un effet d’agrégation sur l’économie dans son ensemble en augmentant l’ampleur des opportunités commerciales.

Pendant ce temps, le Président Museveni a déclaré à la nation que son gouvernement travaillait avec CNOOC pour que le pétrole commence à couler dans un proche avenir. ? L’argent que nous tirerons du pétrole ne sera pas dépensé dans des frivolités, mais sera investi dans le développement économique du pays ?, a-t-il précisé.

Robert Abilu, l’un des résidents du district de Bunyoro,où se trouvent les champs de pétrole, s’est dit heureux que CNOOC soutienne l’industrie pétrolière en Ouganda.Selon lui, les résidents ont été déplacés de la région par l’entreprise chinoise dans un nouveau village où de belles maisons ont été construites pour eux. ? Je n’avais jamais imaginé pouvoir vivre dans un foyer aussi moderne. Je remercie CNOOC pour cet environnement qu’elle nous offre ?, a-t-il confié. CA